La séparation

Rédigé par Une Voix
Classé dans : Amours Mots clés : aucun
Cécile et moi nous sommes séparés après douze ans de vie commune et un enfant ensemble. 

Cela fait sept mois que nous nous sommes séparés. Je commence à peine à mettre des mots sur ça. 

C'est encore difficile. 

Cécile a été le centre de ma vie affective pendant douze ans. Je l'ai aimée, elle m'a aimé. Nous avons été une famille. Nous avons eu Luce. 

Je crois que la flamme amoureuse s'était éteinte. Rompre, c'est admettre la vérité, une vérité très dure à admettre. 

Encore aujourd'hui, c'est dur à admettre. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc en amour, et dans les sentiments. Et rien n'est figé, acquis, définitif. Les sentiments sont comme la vie : ils vivent ! Parfois ils sont puissants, parfois fatigués, parfois absents, parfois renaissants. Pourquoi faudrait-il prétendre ou énoncer autre chose que ce qui est ?

J'en veux à tous ceux qui résument, schématisent, emprisonnent et asphyxient la vie sentimentale à un bouton On/Off, J'aime/J'aime pas (façon Facebook...), Je suis avec/Je ne suis plus avec. Je leur en veux terriblement (je pense clairement à mon ex-meilleur ami, lire ici). La vie relationnelle et émotionnelle est infiniment plus complexe, délicate et nuancée que cela. 

C'est d'autant plus dur que Cécile est la personne la plus importante de ma vie, avec Luce. 

C'est la personne qui m'a permis de savoir que je pouvais être aimé pour ce que je suis, sans faire semblant, sans mettre le costume d'un autre. Rien n'est plus précieux que d'avoir connu cela. Je dois à Cécile de m'avoir fait connaître la chose la plus précieuse du monde. 

Comment effacerais-je douze ans d'amour, douze ans de vie commune, douze ans de partage ? 

Je ne le peux pas. 

Comment oublierais-je la plus belle chose qu'il m'ait été donné de vivre ? 

Je ne le peux pas.

Comment pourrais-je dire qu'il n'y a plus rien, que je n'ai plus d'amour, que tout ça c'est du passé ? 

Je ne le peux pas. 

Car tout ça, cet amour n'est pas seulement gravé dans mon passé, il est aussi constitutif de ce que je suis aujourd'hui. 

Nous nous sommes séparés. Mais il m'apparaît absolument clair que nous nous sommes séparés par Amour

Car écouter l'Amour impose parfois des décisions difficiles et contre-intuitives. Rester avec quelqu'un alors que l'Amour se dégrade et se détériore, ce n'est pas aimer. Rester avec quelqu'un pour le rendre prisonnier de ses propres craintes d'être seul ou de ne pas être aimé, ce n'est pas aimer. Se refuser à écouter et à entendre la voix des sentiments, la voix du coeur, ce n'est pas aimer. Ne pas respecter la liberté pleine et entière de l'autre, de ses choix, ce n'est pas aimer. 

Bien sûr, il n'est pas question ici de prôner la séparation, la solitude ou le non-engagement. Aimer, c'est aussi essayer, continuer ensemble malgré les doutes et les incertitudes, accepter que tout ne soit pas toujours rose ou toujours simple, garder la foi. Aimer, c'est aussi essayer ensemble des chemins par lesquels on n'est pas encore passé. Y compris des chemins contre-intuitifs. 

Mais aimer, c'est aussi parfois se séparer. C'est parfois ne pas être en mesure de savoir si la séparation est temporaire ou définitive, ou si elle ne concerne qu'un aspect particulier de la relation, sans concerner toute la relation. 

Nous avons beau être séparés depuis sept mois, et j'ai beau m'efforcer de penser que nous avons choisi ensemble la meilleure solution (la solution qui ne veut pas laisser place à autre chose que l'amour dans un couple), je me raccroche encore souvent, très souvent, quotidiennement, à la pensée de Cécile, à qui elle est, à la belle personne qu'elle est, à l'estime et à l'amour que m'inspirent son être et sa personne. 

Cécile n'est pas parfaite bien entendu, pas plus que je ne le suis. Je lui connais des défauts, et elle m'en connaît beaucoup. Mais sa présence, même à distance ou séparés, demeure bienfaitrice et précieuse dans ma vie. J'ai encore et j'aurais toujours besoin de la savoir présente à elle-même, donc aux autres, dans ce qu'elle a de bon, de beau et d'unique. Avec ou sans moi. Sa vie est infiniment précieuse, son âme est un repère absolu dans ma vie.